Apnée Festive, jour 14 • UNHUMAN
Nous avons choisi de compter les jours à partir de la date d’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes au vendredi 13 mars 2020, plutôt qu’au début du confinement. Depuis nos postures de lieu – Macadam – et d’organisateur & DA – Androgyne – la fin des rassemblements signe le coup d’arrêt de la fête. Non pas qu’il soit exclu de pouvoir célébrer au sein de son foyer ou même de profiter singulièrement d’une fête bien à soi, seul dans son appartement sous le feu de ses meilleurs disques. La fin de la fête au sens utopiste du terme, introspective et collective. Celle qui invite toutes les personnes à se rejoindre et à s’oublier sur un temps étiré, à se croiser, à s’aimer pour un instant suspendu, à se perdre dans l’obscurité pour explorer le bien-être de cette solitude entourée de tous, embrassé(e) par la musique, électrisé(e) par la présence des corps inconnus alentours. Celle que nous défendons, accompagnés par les collectifs et organisateurs sans lieu fixe Nantais et d’ailleurs, tous aussi déterminés à ces fins. Celle que nous n’avons de cesse d’imaginer encore et toujours, malgré cette escale forcée. Nous guettons sans relâche son retour, et si l’horizon semble lointain aujourd’hui, il sera si lumineux une fois atteint que nous serons ébloui(e)s longtemps par l’intensité de ces retrouvailles. Cependant, nous sommes ces temps-ci livrés à une dangereuse apnée, contraints de ne pas respirer l’unique air qui est le nôtre : la liesse, cette ivresse inimitable formée par les rencontres, avec les artistes, avec le public. Nous faisons tout pour ne pas aller vers l’asphyxie et vous retrouver demain, le moment venu.
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En ce 14ème jour d’Apnée Festive, nous vous dévoilons une création vidéo pensée par Androgyne, shootée par Léo Decan au Mékano à Rezé le 7 janvier 2020 et montée par Thomas Grandrémy (Sourdoreille). Ce très court métrage – que nous avons intitulé “UNHUMAN” – exprime l’infernale cadence des Humains et l’asservissement des femmes et des hommes aux machines, en proie à devenir eux-même les produits industriels qu’elles ou ils surconsomment, jusqu’à l’abandon de toute conscience. Rendus au 26 mars 2020, submergés par le contexte pandémique, cet objet visuel nous questionne et nous choisissons de le dévoiler malgré tout. Stupéfaits d’avoir vu ce virus s’immiscer si promptement dans la partie et réécrire les règles du jeu – ponctuellement au moins – pour nous renvoyer maintenant à une existence précaire, primaire, entre 4 murs, où manger revient à l’ordre du jour des préoccupations essentielles. De notre robotisation miroitée, une violente réalité insoupçonnée. Il semble si difficile d’envisager nettement notre lendemain, et l’espoir d’une remise en question fait place en ces temps de crise majeure. Pourvu qu’être ensemble soit possible.
Crédits :
Models > Léo Bloyet & Louella Daviaud
Make-up > Eglentyne Richez-Prévost
Music > Guilt Attendant “Cursed Spawn of White Flight” (Hospital Productions)
Pictures > Ex Luisa (Androgyne)
Photo editing > AASANA (Androgyne)
Translation > Sally Chapple








